LA STIMULATION MAGNẺTIQUE TRANSCRANIENNE RẺPẺTẺE (rTMS)
INTRODUCTION
Quand on reprend l’histoire des techniques tant interventionnelles psychosomatiques en psychiatrie comme la sismothérapie que même les techniques médicamenteuses, on s’aperçoit qu'elles doivent leur découverte et leur application soit à des postulats empiriques soit à des découvertes fortuites.
En 1937, à Rome, les docteurs Bini et Cerletti ont commencé à utiliser l’ECT (électro-convulsivothérapie) en partant d’une observation assez naturalistique qu’il n’y avait pas d’association entre maladie psychotique et épileptique; Postulat qui s’est révélé avec les années complètement erroné et qui pourtant n’empêche pas d’utiliser encore de nos jours cette technique en psychiatrie hospitalière.
Dans les années 50, les molécules anti-dépressives ont été découvertes quasiment par hasard par le Dr Laborit, médecin anesthésiste militaire. Des travaux récents suggèrent que plusieurs des médications de cette classe altèrent l’excitabilité cortico-spinale et notamment les paramètres d’inhibition intra-corticale (I.C.I) et de facilitation intra-corticale (I.C.F) tant après une administration aigüe que chronique.
Introduite en 1985, on a utilisé initialement la stimulation magnétique transcranienne pour recueillir les potentiels évoqués moteurs à la suite d’une stimulation par des appareils de plus en plus adaptés sur des cibles de plus en plus précises motrices puis prémotrices du SNC (Manganotti et collaborateurs, 2001 ; Ilic et collaborateurs, 2002 et Robol et collaborateurs, 2004).
A partir de ces études approfondies, une dyscommunication a été retrouvée dans les troubles de l’humeur entre la zone pariétale droite et le cortex préfrontal gauche impliquant un circuit fronto-cingulaire ( Von Honk et collègues, 2003 et Barrett et collaborateurs, 2004)
Ainsi une latéralisation de la régulation émotionnelle avait déjà été démontrée notamment à partir des travaux de Hajak et collaborateurs (1999) sur l’étude de l’effet de la SMTr ( Stimulation Magnétique Transcranienne répétée) sur les paramètres du sommeil reliés à l’humeur et qui avaient retrouvé un retard de la phase REM suivant une SMTr frontale gauche, ce qui est parfaitement compatible avec une action antidépressive potentielle de cette technique. Quelques temps auparavant en 1998, une plus large étude de Nedjat et collègues rapportait que 3 femmes sur 50 recevant une seule séance de SMTr sur la zone dorso-latérale préfrontale gauche avaient présenté un état réversible d’hypomanie pendant 3 heures.
Selon l’OMS, la dépression touche 5 à 10% de la population et constitue à ce titre un enjeu majeur de santé publique. La stimulation magnétique transcranienne apparaît dans ce contexte comme une altérnative aux traitements existants : elle permet en effet de soigner un épisode dépressif résistant de manière ambulatoire en évitant les contraintes de l’électro-convulsivothérapie. Il faut aussi relever que dans notre expérience clinique, seul un patient sur 2 est correctement stabilisé par une ou plusieurs thérapeutiques médicamenteuses exclusives.
Utilisée en neurologie, en psychiatrie et en neuroscience, la SMT permet de stimuler le tissu cérébral de manière indolore et non invasive. Elle est autorisée pour le traitement de la dépression résistante dans la plupart des pays industrialisés et a même reçu l’approbation depuis octobre 2008 par la Food and Drug Administration (F.D.A) aux USA en tant que traitement de la dépression majeure résistante à au moins un médicament antidépresseur. Finalement, des études ont également démontré son efficacité dans le traitement des hallucinations accoustico-verbales résistantes dans la schizophrénie. Elle ouvre en outre des perspectives dans le traitement des troubles anxieux comme les troubles obsessionnels et compulsifs et l’état de stress post-traumatique.
